Thursday, April 13, 2006


SOUVENIR INCENDIE
I

à cause du temps qui te presse
jeté ce soir sur le monde
les fleurs sont toujours aveugles
nos yeux levés leur ressemblent

ton visage contre le mien
le monde perd ses cascades
le long des halètements du puits
j’ai noyé les poteaux indicateurs

il n’y a plus que l’espace vide
pour la consolation
pour le sourire
parmi nos ruines
il y a ma solitude
et le vent le regard

j’ai donné ton prénom où tout est simple
l’avenir improbable que ton cœur promet
pour la rosée pour le grain de blé pour la mer
quand tu es loin le vent disperse
tous les foyers ta chevelure

la terre a pris feu
nous sommes invisibles
entre les doigts jaunes des fumeurs
on croit à l’obus plus qu’à la clarté
belle belle belle aimée de Mai

II

Google earth
au sol les grands fleuves
vaines visions de voyages
tu sais pourtant que tu m’as plus
derrière la vitre
la triste vitre des baisers

tu bordes mes rêves
au bord du ciel
un homme attend
il n’aime pas la nuit
une femme enterre l’amour

l’homme parle toujours
son coeur est en feu
l’amour le surprend
qui ne veut jamais dire son nom
mais s’appuie à son épaule

pour tous les mots de ma chanson
je ne t’ai pas reconnue
au grand jour des montagnes
à l’arbre de pluie
à la saison chaude

nous nous sommes réveillés ensemble
des soldats montaient la garde
un incendie éclate
je parlerai de toi
aux collines de poussière

III

la route est tracée vous dis-je
et ce sont maintenant eux qui pâlissent
tiendrez vous désormais tête à l’avenir
j’ai vu les morts mourir une seconde fois
sur chaque chaînes de télévision
l’écran est pulvérisé

pendues aux paupières
érigées sur nos fables
il faut admettre notre absence au monde
étranger aux citadelles écroulées
comme des papillons à travers champs

un marin est venu à ma rencontre
tout le matin tient dans deux mains
une nuit porte un autre soleil
il ne peut y avoir de sauvetage
le sang ne lave pas le sang

tant de larme dans une seule main
il n’y a plus que le sable
le soleil est en otage
visage du présent
visage du passé

IV

écouter aux fenêtres
au milieu du naufrage
sur la ligne de ton horizon
le sel conserve l’adieu
crépuscule

je vous écris d’un pays pesant
les mains en porte voix
les chemins ont pris le deuil
engourdi de sommeil
mais pas aveugles

à l’entrave de l’amour
à la fuite facile
quand les cieux perdus meurent
toute distance est annulée
mais le secret bien gardé

j’ai de grands rires en réserve
même mes larmes se tiennent debout
le monde à l’envers le monde solitaire
tu marches dans mon souffle
tu veilles dans mes yeux

dans les rêves boueux des branches
les murs admirent
les morts mentent
demain pour toi que j’attends
dans les vagues hautes du souvenir

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