Friday, January 06, 2006

sur le boulevard les filles se pressent jusqu’à des portes qui les dérobent toujours trop tôt
sur leurs jambes le ciel déverse des rougeurs changeantes
on voudrait alors dire au soir de repasser plus tard de rallonger le crédit
on en viendrait à maudire les premières étoiles qui poussent des toits
on en viendrait à considérer la nuit à la grâce d’un long regret

sur le boulevard le soir le vin disperse ses chaleurs relance l’été
à travers les voix se laisse entendre une peine
il y aura peut être encore un hiver à traverser et de longs tremblements pour annoncer les larmes
on laisse alors s’allonger la joie
et tout au bout d’un dernier rire un bruit de pas de feuilles froissées

au coin du boulevard et de la dernière rue la brume arrondie l’ombre de deux amants
prolonge leurs baisers

sur le boulevard des fenêtres sont encore allumées
le sommeil n’est pas à la portée de tous
question de moyen sans doute ou de nécessité

regarder la nuit s’y rouler
oublier l’existence lointaine des jours et les pleins ciels qui blessent de part en part
taire ce qui veut hurler
insomnie
peut être le seuil d’un premier rêve à défaire

au 29 du boulevard je me souviens de toutes celles et des quelques lignes écrites enfoncées de solitude et d’impuissance
je me souviens de doux crépuscules
je me tourne vers l’autre côté pour reprendre la route
advienne que pourra

au coin du boulevard et de la dernière rue la brume arrondie l’ombre de deux amants
prolonge leurs baisers
appuie leurs caresses jusqu’à l’impasse

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