Olivier est mort
gris de poussière
dans son bleu de plâtrierle corbillard arrive au sommet de midiun seul grillon le salueà l'entrée du blanc paysun seul arbre dans la plaineattend que le jour se termine enfinl'ombre reste petite à nos piedsune ombre pâle
assiégée de lumière
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
je ne peux pas dormir
je sors sur la terrasse et je fume
je fume jusqu'à la dernière chanson des derniers ivrognes
sous la messe indistincte des arbres
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
le silence lui-même est un mot qui ne se prononce pas
la nuit n’empêche pas les oiseaux
sur la place
chacun vient
chacun passe
chacun va
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
soudain tout un pan de mon enfance croule dans le fossé
entre le matin ivre et la légèreté du soir
j’attends au milieu de l’éternité
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
vous-mêmes mes amis êtes vous les mêmes
l’un efface l’autre tout change avec le temps
sur la place
chacun vient
chacun passe
chacun va
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
je n’ai pas d’autre loi que le désordre
pas d’autres projets que le tumulte
neuf mois et huit jours sans une seule goutte d’alcool
il fera beau vous verrez il fera beau
peut être un peu plus froid qu’aujourd’hui
peut être un peu plus froid
sur la place
chacun vient
chacun passe
chacun va
sur la place
chacun vient
chacun passe
chacun va
quels drôles de gens
quels drôles de gens que ces gens là
le soleil déclineje n’ai pas vu le temps qui passele soir s'illuminedes derniers rayons de l'espaceje sens mon ombre longue et lassel'air est si tendre et si légersi doux le souffle de la briseque l'on voudrait ne rien changeret garder l'éternité prisecomme au coeur le sanglot se brisemais c'est le soir et c'est la nuitet s'engloutit la vie que j'aimece jour fut beau mais il a fuije te laisse un peu de moi-mêmeainsi qu’un dernier baiser
un dernier baiser
et ce poème