c'est tellement simplequelques gouttes de pluiele vent dans le vergerle feu qui rougeoietandis que le soir tombel'odeur âcre de la fumée qui montela fin d'un jourqui abandonne ses mains lassesdans les poches de la nuitc'est tellement simpleque je reste la tête basse
un autre jour s’enfuit
un autre jour sans toi
ce sera le soir
la même heure du soir
les colombes commenceront à se poser sur les branches
quelqu'un dira
comme l'herbe est haute
allons nous asseoirracontons-nouspour passer le temps
une histoire un peu folle
celle d'un roi qui croyait tout savoir
et qui perdit tout
quelqu'un dira
c'en est fini des fables tristes
oublions-lescomme le soleil se couche lentementtout sera fini
nous regarderons un petit arbre roseet les pétales tomberont sur nous doucement
il y aura du soleil et sans doute au loin la forme vague d'un nuagecomme pour dire que les choses ne pèsent plus et ce sera comme si le malheur était une vieille histoire
si vieille que personne ne se souvient
vers l'ouest glissent de vieux soleilspleins du parfum des étés qu'on aimaarbres comment tresser la couronnequi consacrera notre amour?
il y a des lacs qu'on ne voit pas derrière l'horizon
il y a des femmes à aimer dans la vallée
à pas pensifs et las nous revoici
plus légers et plus lourds
plus troublés et plus purs
tout éblouis du monde
aux marches d'un grand jour
en bas chantent de longs dimanches
mon cœur draine ce que dit la terre
emmuré moi aussi dans ma tour d’ivoire
je trace sur l’horizon qui marche comme les arbres le visage des femmes
et dans les parcs
ceux des enfants aux gestes d’étoiles
certains mots me sont soufflés par les voyelles des pins
d’autres par la voix des chênes
d’autres encore par les notes enracinées dans plus d’une provence épineuse
certains me sont susurrés par les paroles de l’eau
épelés dans le bouillonnement des fontaines
puis mon cœur s’égoutte qui prévoit les fureurs futures
écoutez aux alentours
écoutez les noirs corbeaux