Saturday, April 29, 2006

des millions de kilomètres au compteur
des nuits sans lune à chahuter le cadran
ton corps étendu ne s‘efface pas

alors les pieds nus
le visage encore fébrile
je m’enveloppe des couleurs qui m’entourent
j’écoute les collines s’abandonner au crépuscule
épousant doucement la pluie

l’âme claire et sèche je reste là
savourant le soleil qui s’incline
insolent et rougeâtre l’océan immense au cœur lourd de l’orage
invoque dans l’écume
à l’abri des regards
un parfum de prière

j’ai vu le ciel taché par de longs silences
des plaines inondées de bleuet la lune qui reflète sa robe
vu ton visage s’enfuir
là où les nuages se décomposent
le deviner à nouveau
dans l’ombre étrange des feuillages
et n’y rencontrer que l’absence

je m’ efforce d’aimer l’horizon
l’ attente reste un immense champ de couleurs
quand mes yeux se ferment pour pleurer

le temps a fait place au grand boulevard
des rires et des pas
agités de l'existence

je suis à bord d'un navire
dans le monde des vivantsf
redonnant l'héritagede certains souvenirs

Saturday, April 22, 2006

dans ma main
petite
le monde tenait tout entier
je participais à la sève des choses

il n’y avait que des premières fois
la première amande fraîche
la première cerise goûtée sur l’arbre
une framboise

mais déjà l’éclat fragile de l’été roule et s’effrite entre nos doigts
il n’y avait que des premières fois

le monde est une piste de danse
un croche-patte
et nous voilà des étrangers pour toujours
des désaxés

des solitaires surtout

Thursday, April 13, 2006


SOUVENIR INCENDIE
I

à cause du temps qui te presse
jeté ce soir sur le monde
les fleurs sont toujours aveugles
nos yeux levés leur ressemblent

ton visage contre le mien
le monde perd ses cascades
le long des halètements du puits
j’ai noyé les poteaux indicateurs

il n’y a plus que l’espace vide
pour la consolation
pour le sourire
parmi nos ruines
il y a ma solitude
et le vent le regard

j’ai donné ton prénom où tout est simple
l’avenir improbable que ton cœur promet
pour la rosée pour le grain de blé pour la mer
quand tu es loin le vent disperse
tous les foyers ta chevelure

la terre a pris feu
nous sommes invisibles
entre les doigts jaunes des fumeurs
on croit à l’obus plus qu’à la clarté
belle belle belle aimée de Mai

II

Google earth
au sol les grands fleuves
vaines visions de voyages
tu sais pourtant que tu m’as plus
derrière la vitre
la triste vitre des baisers

tu bordes mes rêves
au bord du ciel
un homme attend
il n’aime pas la nuit
une femme enterre l’amour

l’homme parle toujours
son coeur est en feu
l’amour le surprend
qui ne veut jamais dire son nom
mais s’appuie à son épaule

pour tous les mots de ma chanson
je ne t’ai pas reconnue
au grand jour des montagnes
à l’arbre de pluie
à la saison chaude

nous nous sommes réveillés ensemble
des soldats montaient la garde
un incendie éclate
je parlerai de toi
aux collines de poussière

III

la route est tracée vous dis-je
et ce sont maintenant eux qui pâlissent
tiendrez vous désormais tête à l’avenir
j’ai vu les morts mourir une seconde fois
sur chaque chaînes de télévision
l’écran est pulvérisé

pendues aux paupières
érigées sur nos fables
il faut admettre notre absence au monde
étranger aux citadelles écroulées
comme des papillons à travers champs

un marin est venu à ma rencontre
tout le matin tient dans deux mains
une nuit porte un autre soleil
il ne peut y avoir de sauvetage
le sang ne lave pas le sang

tant de larme dans une seule main
il n’y a plus que le sable
le soleil est en otage
visage du présent
visage du passé

IV

écouter aux fenêtres
au milieu du naufrage
sur la ligne de ton horizon
le sel conserve l’adieu
crépuscule

je vous écris d’un pays pesant
les mains en porte voix
les chemins ont pris le deuil
engourdi de sommeil
mais pas aveugles

à l’entrave de l’amour
à la fuite facile
quand les cieux perdus meurent
toute distance est annulée
mais le secret bien gardé

j’ai de grands rires en réserve
même mes larmes se tiennent debout
le monde à l’envers le monde solitaire
tu marches dans mon souffle
tu veilles dans mes yeux

dans les rêves boueux des branches
les murs admirent
les morts mentent
demain pour toi que j’attends
dans les vagues hautes du souvenir

Tuesday, April 11, 2006

trente huitième jours sans une seule goutte d’alcool
je dessine un jardin et les maisons me regardent ouvrir des portes sur l’ombre épuisant l’heure petit à petit
la nuit écoute et je brasse des cailloux comme ces sanglots qu’enfant je semais sur mes routes naïves

ce sera un jour de février ou bien un autre
ces jours où l’on brûle ces petits feux de feuilles
le vent et la mémoire remuent

puisque aimer nous recommence
je parlerai de l’amour
et j’en parlerai encore

il me suffit plus d’inventer un pays suspendu
dont la langue et la promesse
soit le corps de celle que j’aime
mais l’embrasser est si doux qu’une rose tombe encore peu à peu dans la neige

je ne corrige plus le temps et le soir a perdu sa présence
dans ce pays où l’on meurt le cœur inachevé
je laisserai juste trois ou quatre chants
quelques mots vifs prés de l’eau

et une feuille encore humide du premier soleil que les arbres ont gardés dans leurs branches
ce soleil qu’on ramasse en chemin le dimanche pour ne pas rentrer trop tôt

Friday, April 07, 2006

un amas confus de maisons tout près de la rivière
au fil de l’eau un nuage gris emporte mes rêves de maçon
un cri d’enfant à la fenêtre allume le soleil
l’ombre réveille tous les soupirs

il est midi

tout au début de l’horizon il y a du jaune et puis le vent à la lisière de la forêt muette
l'installation tranquille d'un matin d'été
sur la falaise les arbres secouent leurs têtes de pin
aucun mot dans nos regards mais l’amour gonfle le silence feutré de la terre déjà chaude

la pluie lentement arrive par le chemin gris sur le dos rugueux des collines apportant avec elle les couleurs du soleil
le vent chante sous la voûte de l'arc en ciel
les barques dansent au pied des roches faisant crier leurs amarres
une odeur bleue et verte nous enveloppe de sa douceur de cloche

l’oiseau ne comprend plus rien à la chanson

Wednesday, April 05, 2006


LEO EST SORTI DE SA COUVEUSE
BIENTOT IL SERA ENFIN CHEZ NOUS!!!

Saturday, April 01, 2006

sur la tempe des collines
l'hiver a posé un doigt de sagesse
les neiges sont venues
le silence avec elles

ton visage s'est joint au rang des souvenirs
gonflant de souffrance la route d'un signe de plus
les rides du chemin appartiennent à hier
un lent dépôt les efface

d'autres pas se sont inscrits dans l'axe de mon espoir
et l'oubli naît d'une empreinte nouvelle