Saturday, May 27, 2006

soixante dix septième jours sans une seule goutte d’alcool
la lune disperse déjà lointaine son reflet sur le fleuve
là bas la ville fouille de fond en comble la solitude sans toi
en saluant le soir que les touristes lui laisse enfin

sous la même morceau mauve des nuits
toutes tes larmes ont mes cernes
on ne comptera jamais les pas de l’absence
et pourtant on les entend distinctement

aucune parole précède les vrais départs
à la flamme où les yeux traînent
le temps passe entre nos rêves et nos souffrances
les cicatrices même deviennent des souvenirs

la fugue des jours gifle mes chagrins
j’ai fait le plein de fêtes tristes
à la table des grands sensibles
à la devanture des heures
ma vie s’ébrèche ô mes verres de vins

plus je dis je moins je suis moi
tous nos amours fous ne sont plus au même endroits
nos mains se referment

plus je dis je plus je suis moi
nos mains se referment

elles n’ont pas entendu le vent

Saturday, May 20, 2006

s’enfuir à demi mots
après avoir essuyé un lambeau de larme
versée pour éteindre
toutes les braises

trouver par mégarde
enclavé dans les jours
un territoire intérieur
présageant plus aucun reflet
dans les miroirs

un pays à l’improviste
d’histoires en papier froissé
éprises de couleurs

je suis un des reclus à la porte du nouveau siècle
et je ne peux plus reculer

Saturday, May 13, 2006

sans l'espace de tes mots
comment toucher le duvet du temps
sans réveiller une avalanche
à la fenêtre du silence

je grimpe sur le dos de tes traces
et je sens la fragilité de mes pas sous le ciel floconneux des rêves
comme si mon essoufflement

menaçait à tous instants de tout faire sauter

comme quand je ne sais pas me taire dans ces heures où les mots sont inutiles
ce qu’on écoute est précieux dans ces moments chargés de secrets trop lourds

enfin quand l’ombre dessine un recul
que je pose mon cœur sur la pierre chaude et qu’il frissonne et crisse dans le rayonnement courbe des galaxies
et qu’au-delà du bleu des arbres le désert pur se démasque

je range ton prénom au dessous du temps
il coule sans disparaître tout à fait

puisqu’il est à un autre maintenant

mais c’est lui qui fabrique la fibre de mes forces au fond de ma caverne
dans la douceur des fougères

c’est lui qui je reprend parfois sur la pierre chaude
lui qui frissonne et crisse dans le rayonnement courbe des galaxies

plus tard nos routes se divisent

Saturday, May 06, 2006

il fût un temps
jadis et autrefois
je demandais mon chemin aux vieillards et aux enfants

je frissonnais
j’avais mal sous mes pas
j’avais froid avec l’eau
j’avais chaud au soleil

je dormais un peu sur les fleurs
sous les arbres
sous les saules pleureurs
à côté des fourmis qui me piquaient mes mots

le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma

je vais donc te raconter mon histoire avec un saule pleureur
et avec le sens que je donnais à mon désir d’être libre
le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma

je me souviens donc d’un saule pleureur où j’étais allé pour me perdre
je suis resté sur la grande pierre rouge
j’étais couché à regarder le ciel
seul avec mon regard
à parler du bonheur
s’il existe quelque part

je ne cherchais pas la vérité
car je n’étais pas pur
je ne voulais pas trouver le saule pleureur
mais je lui demandais mon chemin

mon chemin vers un ciel rempli de lumières jaunes
à travers cet immense tourbillon où le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma

je dormais un peu sur les fleurs
sous les arbres
sous les saules pleureurs surtout
à côté des fourmis qui me piquaient mes mots

je ne cherche plus la vérité
c’est pourquoi je suis ici
seul devant mon désir d’être libre

ton oeil me regarde te dis-je
mais nous ne savons pas ce qui compte
je suis ici
je ne cherche plus la vérité

je vais donc te raconter mon histoire depuis le commencement
mais ce n’est plus pareil Aujourd’hui
les habitants ont leurs propres échelles
à travers cet immense tourbillon

le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma

donc je me souviens d’un saule pleureur où je suis allé pour me perdre
je suis resté sur la grande pierre rouge
j’étais couché à regarder le ciel
seul avec mon regard
à parler du bonheur

s’il existe quelque part
s’il a une forme de cœur
s’il faut le chercher

et comment

et pourquoi