soixante dix septième jours sans une seule goutte d’alcool
la lune disperse déjà lointaine son reflet sur le fleuve
là bas la ville fouille de fond en comble la solitude sans toi
en saluant le soir que les touristes lui laisse enfin
sous la même morceau mauve des nuits
toutes tes larmes ont mes cernes
on ne comptera jamais les pas de l’absence
et pourtant on les entend distinctement
aucune parole précède les vrais départs
à la flamme où les yeux traînent
le temps passe entre nos rêves et nos souffrances
les cicatrices même deviennent des souvenirs
la fugue des jours gifle mes chagrins
j’ai fait le plein de fêtes tristes
à la table des grands sensibles
à la devanture des heures
ma vie s’ébrèche ô mes verres de vins
plus je dis je moins je suis moi
tous nos amours fous ne sont plus au même endroits
nos mains se referment
plus je dis je plus je suis moi
nos mains se referment
elles n’ont pas entendu le vent
s’enfuir à demi mots
après avoir essuyé un lambeau de larme
versée pour éteindre
toutes les braises
trouver par mégarde
enclavé dans les jours
un territoire intérieur
présageant plus aucun reflet
dans les miroirs
un pays à l’improviste
d’histoires en papier froissé
éprises de couleurs
je suis un des reclus à la porte du nouveau siècle
et je ne peux plus reculer
sans l'espace de tes motscomment toucher le duvet du tempssans réveiller une avalancheà la fenêtre du silenceje grimpe sur le dos de tes traceset je sens la fragilité de mes pas sous le ciel floconneux des rêves
comme si mon essoufflementmenaçait à tous instants de tout faire sautercomme quand je ne sais pas me taire dans ces heures où les mots sont inutiles
ce qu’on écoute est précieux dans ces moments chargés de secrets trop lourds
enfin quand l’ombre dessine un recul
que je pose mon cœur sur la pierre chaude et qu’il frissonne et crisse dans le rayonnement courbe des galaxies
et qu’au-delà du bleu des arbres le désert pur se démasque
je range ton prénom au dessous du temps
il coule sans disparaître tout à fait
puisqu’il est à un autre maintenant
mais c’est lui qui fabrique la fibre de mes forces au fond de ma caverne
dans la douceur des fougères
c’est lui qui je reprend parfois sur la pierre chaude
lui qui frissonne et crisse dans le rayonnement courbe des galaxies
plus tard nos routes se divisent
il fût un temps
jadis et autrefois
je demandais mon chemin aux vieillards et aux enfants
je frissonnais
j’avais mal sous mes pas
j’avais froid avec l’eau
j’avais chaud au soleil
je dormais un peu sur les fleurs
sous les arbres
sous les saules pleureurs
à côté des fourmis qui me piquaient mes mots
le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma
je vais donc te raconter mon histoire avec un saule pleureur
et avec le sens que je donnais à mon désir d’être libre
le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma
je me souviens donc d’un saule pleureur où j’étais allé pour me perdre
je suis resté sur la grande pierre rouge
j’étais couché à regarder le ciel
seul avec mon regard
à parler du bonheur
s’il existe quelque part
je ne cherchais pas la vérité
car je n’étais pas pur
je ne voulais pas trouver le saule pleureur
mais je lui demandais mon chemin
mon chemin vers un ciel rempli de lumières jaunes
à travers cet immense tourbillon où le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma
je dormais un peu sur les fleurs
sous les arbres
sous les saules pleureurs surtout
à côté des fourmis qui me piquaient mes mots
je ne cherche plus la vérité
c’est pourquoi je suis ici
seul devant mon désir d’être libre
ton oeil me regarde te dis-je
mais nous ne savons pas ce qui compte
je suis ici
je ne cherche plus la vérité
je vais donc te raconter mon histoire depuis le commencement
mais ce n’est plus pareil Aujourd’hui
les habitants ont leurs propres échelles
à travers cet immense tourbillon
le souvenir est un talisman
c’est aussi un coma
donc je me souviens d’un saule pleureur où je suis allé pour me perdre
je suis resté sur la grande pierre rouge
j’étais couché à regarder le ciel
seul avec mon regard
à parler du bonheur
s’il existe quelque part
s’il a une forme de cœur
s’il faut le chercher
et comment
et pourquoi