le pays des collines te dira le lent mouvement des rêves secrets et enfouis gardés dans le sein lourd profond de la terre aux cailloux muets aux glaises du silence humide
la plaine renaîtrala paix creusera son sillonon respirera empli d'une sérénité nouvelle le pays des monts arrondis
il laissera flotter son haleine jusqu'aux terrasses des maisons pétries d'un recueillement sourdon réalisera alorsl'infléchissement solennell'ample incurvement des saisonsles pétales obscursle pain à la croûte terreuse
l’amour dans l’impasse où j’attendais de grandir
le cœur et les doigts tachés d’encre pour y chercher des roses
à présent que je suis entré moi aussi sans savoir
dans la file des fous qui fait reculer l’horizon
l’amour qui n’a pas su grandir m’appelle
portant jour après jour
le bouquet rouge au fond du ciel
que je n’ai pas cueilli
je sais je sais je vais encore t’écrire que les téléphones existent
c’est partout la fin du monde
les gens s’écrasent sur les trottoirs
on meurt debout de dos de face sans prévenir
il n’y a plus que les chats pour savoir décliner le mot amour au bord des précipices
et tant pis pour ceux qui dorment en paix
tant pis pour les plaines inconsolables
toujours du blé
toujours du bleu
et pas le plus petit grain de montagne à l’horizon
le moindre écho de toi dans ce désert immense
pas la plus légère secousse au bout du fil pour entendre ta voix
pour entendre ta voix
et m’endormir la nuit
d’avoir tellement couru dans les blés pour rien peut être
sauf le plaisir du vent sur la peau et le sang plus léger que l’incendie des roses
d’avoir chanté loin des villages quand nul ne pouvait entendre sauf l’herbe ou le saule toujours pleurant sur une invisible blessure
d’avoir frissonné un instant dans le bleu comme les oiseaux
prenant ainsi comme eux notre part d’éphémère
peut être alors sans le savoir avons-nous rassemblé le peu qui manquait à nos vies