Saturday, June 17, 2006

cent dix huitième jours sans une seule goutte d’alcool
l’automne au bout du chemin a tourné la page
le temps passe vite ainsi le feu s’éteint
et quand le fleuve se tait il est neuf heures déjà
je reste avec un grand désert sur les bras

une pierre plus tard
la route et ses bandes blanches
déshabillent la nuit des lumières électriques

trois pierres plus loin
la route apprend l’aube comme un poème
et s’offre le plaisir d’un baiser à l’horizon

cinq pierres plus tard
assis autour de la table lasse
il nous reste peu d’étoiles à dégriffer

sept pierres plus loin
quand l’espoir ne dissimule plus l’ennui de nos murs
et que le jour s’effiloche à faire pleurer les brouillards
j’écris comme pour tout effacer

neuf pierres plus tard
par-dessus la fumée de nos cigarettes
nos rires soudain repoussent la nuit

Saturday, June 10, 2006

cent unièmes jours sans une seule goutte d’alcool
j’ai du mal à dire la vie qui passe
et que l’amour est difficile
la main sur la table de l’unique bistrot

il y a des jours il y a des lunes
et toujours les pressions insidieuses
cette année les vendanges sont tardives
et déjà le doux présage de la neige

la saison prenant des coups
les souvenirs viennent épier
présent et lointain ne font qu’un

je ne connais pas tous les noms d’oiseaux
je ne connais pas l’histoire du feu
mais je crois que ma solitude devrait avoir des ailes

Saturday, June 03, 2006

une gare dissimulée derrière une mairie
rails
lignes de vie
lignes de cœur

le pouls affolé de la ville bat alors la chamade
toute une jungle d’urgences
les bars invitent à la parole
tournée générale

verres alignés sur le zinc
visages rougies dans le glacis des miroirs
rêves poisseux au rapido du hasard
et PMU

zone interdite de l’espoir
nos vies manquent de pittoresque
certains savent que le cimetière murmure à deux pas d’ici