Sunday, April 29, 2007

au supermarché
au pied du rayon lessives
elle regarde la boite d’emballage
les draps étincellent comme la neige au soleil

pour le déjeuner elle achète du poisson et des pommes de terres
pour le petit déjeuner des céréales
un poivron jaune aussi à cause de la couleur
elle en est sûre
elle enceinte

elle pense à l’arbre sous lequel elle allait s’asseoir parfois jadis
les abeilles bourdonnaient et les mains de sa grand mère tremblaient au dessus d’elle contre le ciel pour la protéger

un fruit tombe
il éclate exhalant ses arômes

quelqu’un la bouscule la faisant trébucher
elle s’aggripe au chariot et se précipite tête haute pour défendre sa vie ordinaire

elle s’aperçoit que la porte de sortie est rectangulaire
elle se dit que c’est sans doute le bonheur

Sunday, April 22, 2007

j’avais quelque chose comme un rêve à te dire
quelque chose comme le mot amour dans les vitrines
quelque chose comme les pièces ensoleillées de ma mémoire
où tous les enfants traînent la mer où bout d’une ficelle

je pense à toi sans prévenir personne
je pense à toi en un mot comme en cent
je pense à toi comme si de rien n’était
je pense à toi

le temps ne tient à rien comme le son des cloches
ou comme ces amants de fin d’été début d’automne
qui passent
que sais je de l’amour et des grands amoureux sinon cinq ou six noms
que sais je de l’amour au bout du compte mis à part ton prénom

je pense à toi sans prévenir personne
je pense à toi en un mot comme en cent
je pense à toi comme si de rien n’était
je pense à toi

à toi maintenant

Saturday, April 14, 2007

t’écrire après un long silence
c’est dans l’ordre des choses
tous nos autres amours sont morts
les rideaux sont tirés sur la nuit

ainsi nous parlions à n’en plus finir

hier nous nous aimions
nous ne savions rien d’autres

Sunday, April 08, 2007

on ne plie pas le bonheur
on le porte sur soi

la terre
le vent
le sable attendent sur le pas de la porte

je reçois la rosée
la lumière
l’espoir

des herbes folles accourent dans le préau des pluies
je reconstruis le jour avec des cailloux
des vagues
des virgules

les cordes à linges sourient d’une chemise à l’autre

le blé donne le grain
la fleur donne le fruit
la peur donne des ailes
la source donne l’eau

je regarde
je guette
j’écoute la lumière
la mort
le tonnerre
et le vent

mon poème demeure un chemin sous la pluie
un simple grain de riz
un premier cri d’enfant

je continue ma route en parlant au soleil
j’appartiens à la terre