Tuesday, August 29, 2006

le jour et la nuit sont toute ma société
je suis à tu et à toi avec le matin et le soir
le vent a ouvert le journal de la veille à la page nécrologique
c’est l’heure de rencontrer la chaleur

je suis de ce monde où même les arbres crient leur besoin d’aimer
aujourd’hui je sais que les pleurs d’un enfant ont la force des dentelles pour approcher l’éphémère
et que des mots invisibles se prennent pour des larmes

septième mois sans une seule goutte d’alcool
maintenant l’horizon est pur
tout autour il y a des champs de vignes
des champs de vignes jusqu’à la mer

Tuesday, August 22, 2006

touriste du dedans
je promène l’infini
comme on promène son chien
sans laisse ni médaille

les pays de passage voyagent par ma voix
chanteur de silence

l’absolu sur la langue
bon à tout
bon à rien

et même à l’espérance

c’est debout que je lis
dans le livre des arbres
leurs rumeurs de pages
je traîne ma lenteur
sur le bord de l’instant
un peu de ciel
un peu de miel

un peu de mer aussi dans mes yeux

un vieux rêve de poche
comme un chagrin d’enfant
dans le ruisseau du cœur

les enjambées de René Char

sur les bords de la Sorgue

la couleur des mots

la douleur des cris
de Brel à Léo

les sourires de Brassens qui grignotent le temps

un peu du lac de Lamartine
un peu de lait
une part de neige

une part de pierre sous les cornes de l’espoir
les lignes d’Eluard caressant l’impalpable

les images en neige remontent vers les yeux
la folie dans sa cage sourit aux étoiles
un chaland plein d’écume où l’odeur a une âme
les parfums de la lumière dans un jardin la nuit

chaque mots emportent un peu de mon visage
dessinent mes premières rides

vous pouvez fouiller mes cris
décolorer mes images
bazarder mes paroles
mais ne laissez jamais fondre

le sucre de l’amour

mais ne laissez jamais fondre

le sucre de l’amour

avant même d’y avoir goûter

Wednesday, August 16, 2006

sur le comptoir
mes larmes dessinent des barreaux
et peut être
les pailles de tes yeux
pour boire mon chagrin

libre soudain au centre du pardon
assis blotti tout contre une autre solitude
j’oubli mon verre
et pose la monnaie
dans l'assiette ébréchée
par mes douleurs anciennes


trop lucide et ce café amer me donne la nausée
une brume épaissie borne le paysage
voile les fils du vent
les humains disparus
ils sont loin de moi

ou c'est moi peut être moi qui ne les vois plus

Tuesday, August 08, 2006

un silence ne ressemble pas à un autre silence
on dit pourtant le silence comme on dit l'enfance comme on dit l'amour
aucune enfance bien sûr aucun amour non plus ne ressemble à aucune aucun autre
on a vite fait de mettre les mots au singulier

on continue de ne pas dire les mots qu'on a dans la gorge
on continue de ne pas entendre les craquements dans le silence
les craquements ou les voitures qui passent
on dit le silence on dit une voiture passe alors que tout est là ensemble

la voiture les craquements le silence
les choses ne veulent pas être séparées

et nous ?