c'était l'heure des soirs quand les toits s'apprêtent pour dormirc'était l'automne il faisait déjà froidles feuilles du tilleul tombaient laissant la branche morte le brouillard remontait pour suspendre sa trame le bruit lointain d'un bal arrivais jusqu'à nous
la valse s'égrenait et nous allions ensemblepar les prés bleus de lune au bord de l'eau tremblante
la valse s'égrenait et nous allions ensemblenous nous embrassions à peine un peu je me souviens
Alpes de Haute Provence
on a relié les vallées
a droite de la nouvelle route se dresse le vieux chalet
son comptoir frustre
ses chambres vides
poussiéreuses
sur le seuil
impassible
la Sagesse
un jeune homme se présente avec des livres et des manuscrits
elle lui concède la plus vaste des chambres
il ne parle plus à personne
sinon le soir
face au vin translucide qu’elle lui offre
le jour se lève sur une autre époque
sur les grandes marches prés du bassin
à l’endroit où nous étions assis
je me souviens de l’eau limpide
de la chanson des lavandières
et d’un fracas
je me souviens ensuite de l’air de l’air
ôtez vous donc un peu de mon chemin
O Mélancolies O Solitudes mes amies
de nouveau je vous aperçois
dans la lumière des moustiques
je me souviens d’une cour d’école
sans herbes ni cerceau sur les cailloux
c’est déjà de l’histoire ancienne
c’est bête à dire mais le soleil brille et il pleut
ici on entend quelque fois quelqu’un
et toujours la même musique du gravier
mamie est morte il y a du vent sur la plage
glaces pistaches boissons fraîches
et vaguelettes
mamie est morte il y a du blanc sur la page
je me souviens de l’eau limpide
de la chanson des lavandières
d’un autre langage
de notre langue
de notre langue aux doux et durs accents
Vodka :
un reflet gris prélude l’ivresse et dans l’embrasure de la lune se distingue la première solitude
d’autres ailleurs sont à contempler
d’autres vieilles étincelles
les peines toujours tenaces
la pluie ici où là
qu’importe la couleur des cieux
si chaque nuit les emporte
si l’étoile décline
si la mort traverse
ainsi la brume se disperse aux portes enfin ouvertes d’un nouvel été
Whisky :
La nuit réclame au long des heures ultimes une part des secrets qu’il reste à répandre encore