Saturday, October 22, 2005

un jour je reviendrai vers tes yeux
je recommencerai
je reviendrai avec un son de guitare et de soleil mouillé
je chercherai entre les papiers du temps ton corps et tes cheveux de raisins

je te couronnerai ainsi avec ma bouche
avec mes mains qui ne se terminent pas
je reviendrai pour toi regardant passer l'après-midi comme une ombre ancienne
quelque chose se brisera là-haut et nous ne serons plus nous
quelque chose brûlera soudainement dans l'écho des draps

et je reviendrai plus vivant plus pur plus affamé
et je reviendrai en m’en déchirer les plumes
je ferai pour toi tout un silence jusqu'aux oiseaux

ils prolongeront la nuit lorsqu'ils te verront nue

Wednesday, October 19, 2005

nous nous sommes cachés dans les garages désaffectés
nous nous sommes cachés dans les granges désertes
nous nous sommes cachés au plus haut des arbres
nous nous sommes aimés jusqu’à ce que l’amour fût devenu pire que l’ennui

puis nous avons fait le tour des églises en faisant peur aux pigeons des beffrois

mais là aussi
nous eûmes vite fait de partir tellement toutes les cloches se ressemblent

nous étions sur le point de capituler
d’aller à la fête foraine
quand fort heureusement
le soleil s’est couché

Wednesday, October 12, 2005

neuvième jour sans une seule goutte d’alcool
je ne compte plus les heures qui me sépare de toi
tu devras tout de même me faire confiance
puisque l’amour n’a plus besoins de phrase
et que le mien précède tes pas

il manque quelque chose à Amsterdam ce soir
quand la brume se lève les bateaux sifflent leurs chagrins
et je ne vois plus où tu m’oublies

les amitiés s’effacent tout s’enfuit tout va vite
les années glissent les années passent rien ne ressuscite
de mon côté j’arpente les champs de l’enfance
tu devras tout de même me faire confiance

j’ai trouvé cette image en dormant dans tes cheveux

« le beau cavalier s’arrête à la fontaine pour boire jusqu’à la consommation des siècles aux lèvres de la princesse engloutie »

il y en aura une bienheureuse dans chaque château que je délivrerai
il y aura le mot amour dans chaque page que j’écrirai
et ce sera toujours pour celle que j’aime

car dans tous les mots de mes chansons
elle tient d’une main un crayon
et de l' autre le vent

Saturday, October 08, 2005

je ne voyage jamais loin loin loin de ton pays de chlorophylle insomniaque
ces mots te parleront de mon Sud à la dérive
les champs de tournesol languissent de toi et déferlent sur les rumeurs du quotidien

mes paroles marchent étrangères à travers les chansons à venir
la musique dans laquelle je m’exprime contient des galaxies vierges et frileuses

regards et voix se séparent
espoir et doute font de même

mais c’est pour toi que j’arrime ces chimères
pour toi que je joue la pantomime secrète
les gestes du commencement

j’écris la perpétuité des chemins
leurs promesses
je te rejoins dans la lueur des villes
en chuchotant nos corps de fougères



Sunday, October 02, 2005

il faisait beau
c’était un jour de septembre
à cette époque où le soleil a encore quelques pouvoirs sur la chaleur de nos jours
le silence est venu dans son habit du dimanche et profitant de cette occasion les graviers ont pris la parole

quelques toussotements à intervalle régulier marquaient la présence des hommes comme des phares dont l’œil souvent trop jaune et brûlant cligne

poussières

mais ici pas l’ombre d’un marin
même pas sa lumière
que des récifs
qu’un naufrage
sans coquillage
sans vague
ni sirène

pour nous c’était un jour particulier
un jour aux mains moites

en regardant ta tombe si joliment fleurie je me suis dit que personne ne t’avais jamais offert de fleur
dommage
elles auraient eu le parfum de ton regard

les yeux ne prennent pas de rides
ils changent de couleur
c’est tout un arc-en-ciel que nous avons dans l’iris
toi en plus t’avais un peu de ciel bleu de nos marelles
et je te le jure
je ne balancerai pas un caillou
un galet
même pour monter au ciel à cloche pied
trop peur de te faire mal

j’y promènerai un cerf volant
il ne pollue pas
lorsqu’il claque au vent
la seule trace qu’il laisse derrière lui
c’est celle de la liberté
et il en aura tellement soif de celle ci
que je lui retirerais sa laisse et son collier

puis je lâcherai la ficelle