Thursday, October 26, 2006

l’été cette nuit fit se mouvoir des mains espiègles dans les branches
voilà qu'en mai vient septembre et c’est déjà l’hiver
ma mémoire recueille les raisins des soleils passés
les vendanges enivrées des saisons à venir


de cette nuit furent soutirées les flammes des lampes remisées dans les alvéoles d’anciennes tempêtes
si proches de l’obscurité d’autres temps
lorsqu’il fallait bercer l’enfance balbutiante du feu
courbé dans le panier humide des naissances nacelles voguantes sur l’onde des eaux

parler cette langue des braises
l’émulsion dans l’herbe des grands vents
le pourpre et l’or dispersent les sentiers
il y a urgence de prendre la fuite

sans doute ais-je dormi
tandis que derrière la fenêtre

se défaisait transparente
la bulle dégoupillée du monde

Thursday, October 19, 2006

la brume du sombre soir d’Estaque City
s’écoule lentement dans notre église

ma femme me manque stupide et verte de cette peur
quand je regarde la télévision
des hélicoptères tournoient
dans une sensationnelle brutalité
par dessus les champs
par dessus les champs

et les murs ridicules

je ne peux que rire et me faire à manger
et penser à l’enfant qui te reconnaîtra un jour

en conclusion ma douce je te répète
ta maison est encore ici
mauve et sûre

j’ouvre le large sourire de ma mémoire
de tes jambes étendues

c’est pour toi
à l’anniversaire de notre première nuit
je sais que tu aimes m’entendre parler ainsi

j’espère que personne ne verra cette lettre
écrite dans la calme et vague solitude
d’un après midi languissant
la calme et vague solitude

ainsi que tout mon amour

Wednesday, October 11, 2006

bouquet de genêts
et cieux d'écume
gonflés de souffle
le printemps dévale les collines

quel étrange soleil veut ainsi nous livrer le vent

nous qui avons grandi parmi les asphodèles
et les fumées légères à l'orée des jardins

l'amour escalade les murs

Wednesday, October 04, 2006

avant je gueulais je gueulais tout haut pour rien
je lâchais des mots d'oiseaux de poux et de misère
depuis je suis devenu aphone avec plus rien dans le gosier
même plus l’alcool

ni sa folie
ni sa force


je rentrais à l'aube chez moi toutes les aurores
n’ayant plus la force d’être en bas
avec les cormorans vainqueurs
me narguant de leurs fientes
saoul
je faisais un trou dans mon manteau
pour laisser passer le vent
le vent de là bas et d'ailleurs

les mots je ne les pouvais pas
j'avais une tête pleine d'air
je n’écrivais plus
je m'étais enfui j'étais parti nulle part comme un courant d'air
tombant de mon échec

à force d'aller crier aux loups inutiles
je me suis menti à moi aussi

pour repasser le temps
j'ai mis ma tête à l'envers
et j'ai déroulé sur mon visage
les nuages gris

j'ai récité tout bas
comme une hirondelle un bateau ivre
au grelot d’un rouge-gorge au son des couleurs tango
j’ai récité le blues
au milieu d'un champ de vigne

je suis resté étalé seul à contempler le vide
j'ai dessiné un mouton sur le sable
puis j'ai effacé les traces de mon passage

aujourd’hui j'ai rangé ma peine
en me disant tout de même

pour tout cela le silence
pour tout cela le silence